Tribus et politique : déraisonnable mélange des genres

mer, 13/04/2022 - 02:08

Les nominations aux hautes fonctions de l’État, notamment aux postes de ministre, de secrétaire général ou de directeur d’un grand établissement public, ont souvent été scrutés à l’aune des dosages de tous genres : tribus, ethnies, régions, et même... couleur de la peau ! La question indélicate qui effleure tous les esprits est toujours : qui a eu quoi? Si elle porte certains à s’attacher toujours à la tribu, comme tremplin vers le pouvoir, elle frustre ceux qui appellent, de tous leurs vœux, à des nominations au mérite.

C’est une inconséquence de vouloir une « part » pour une tribu, quand on sait que la Mauritanie en compte des centaines ! Et si chaque fraction, « grande tente » - ou « grande case » - en faisait de même ? Tout pouvoir qui s’essaierait à cette gymnastique politique y perdrait, forcément, son hassaniya, son pulaar, son soninké et son ouolof ! Dans une démocratie qui se respecte, la compétition est d’essence politique (entre partis), pas tribale ou ethnique. C’est une déraison que de vouloir appliquer à la Mauritanie du 21ème siècle le « modèle » de gouvernance qui avait cours sous les émirats et chefferies d’avant la naissance de l’Etat moderne, l’Etat-Nation, et de sa mue en République consacrant l’existence de trois pouvoirs (Législatif, Exécutif, Judiciaire) qui s’autorégulent en vertu de leur séparation constitutionnellement actée depuis 1991.

Au niveau de l’Union Pour la République (UPR), on soutient résolument cette orientation dont le pouvoir de Ghazouani semble avoir fait son credo. Être promis relève uniquement du rendement constaté, dans le soutien du programme « Taahoudati » du président de la République, l’implication dans l’agenda politique et social du parti au pouvoir, l’Union Pour la République, ou encore quand l’Exécutif estime qu’une personne a des compétences avérées qu’elle peut faire valoir, dans un domaine donné, pour servir la mise en œuvre de l’action globale du gouvernement.

Ces critères posés, il est donc indécent de demander une nomination au nom d’une tribu, d’une région ou d’une communauté. L’État républicain devrait être la seule référence et l’individu n’a de privilèges autres que ce que lui donne son sens du devoir (servir le pays en s’impliquant dans les politiques publiques menées par un pouvoir élu) et la confiance que place en lui le Président de la République pour accomplir une mission donnée. De la bonne exécution ou non de celle-ci dépend son sort comme homme politique, présenté par son parti à des postes électifs (député, maire, président de région, etc.) ou de haut commis de l’État auquel il prête allégeance et non pas à la tribu ou l’ethnie, entités souvent au centre d’une confusion des genres préjudiciable à l’intérêt du pays et du citoyen.

Sneiba

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