La Mauritanie s’apprête à ouvrir un nouveau dialogue politique. L’occasion de poser calmement certaines questions de fond. Parmi elles, la limitation des mandats présidentiels.
Depuis la révision constitutionnelle de 2006, le président de la République ne peut exercer que deux mandats de cinq ans. C’était une décision forte, adoptée dans un contexte particulier, après la transition militaire de 2005. Il fallait rassurer et encadrer afin de reconstruire la confiance. Ce choix avait du sens. Mais près de vingt ans plus tard, est-il encore adapté ?
Je pense qu’il est temps d’en discuter sereinement. Car aucune règle constitutionnelle n’est figée. La Constitution elle-même prévoit ses propres mécanismes de révision. Ce sont les articles 99 et suivants. Ils permettent, si le peuple en décide, d’amender n’importe quelle disposition, y compris la limitation des mandats.
Pourquoi rouvrir ce débat aujourd’hui ? Parce que dix ans peuvent être très courts dans la vie d’une nation. Mettre en œuvre une stratégie de développement sérieuse, transformer une économie, construire des infrastructures durables, éduquer une génération, tout cela prend du temps. Parfois plus d’une décennie.
Limiter systématiquement le président à deux mandats, même lorsqu’il est compétent, efficace, légitime, c’est retirer aux citoyens le droit de choisir. Et c’est cela, au fond, qui me gêne. En démocratie, personne ne devrait être privé du droit de se présenter. Et personne ne devrait être empêché de voter pour celui qu’il juge le plus capable.
Ce n’est pas un appel à prolonger tel ou tel président. Ce n’est pas un débat sur les personnes. C’est un débat de fond, sur notre maturité démocratique, sur notre capacité à faire confiance au peuple. Ceux qui ont fixé la limite des deux mandats en 2006 ont fait un choix historique. Aujourd’hui, une autre génération peut, à son tour, en faire un autre, par la loi et par le débat public.
Et si le vrai débat pour 2029 commençait maintenant ?
Dahah Hemody