
En ce jour béni Samedi le 26/07/2025 , j’eus la chance et la grâce d’entreprendre, en compagnie de quelques amis sincères et d’âmes précieuses, une excursion inoubliable vers la localité reculée mais rayonnante de Dawchiliya, havre de paix et de piété, niché au cœur des vastes étendues au Sud-Est de Tiguint et au Nord-Ouest de Mederdra.
Dès les premiers instants de notre périple, le voyage prit les allures d’une ascension intérieure autant qu’un déplacement physique. La route, bordée de paysages aux nuances d’ocres, de verts et de lumières diffuses, semblait nous préparer doucement à une rencontre hors du commun. Les terres s’étiraient à perte de vue, entre dunes modestes, pâturages clairsemés et ciel immaculé. Cette région, encore épargnée par l’agitation du monde moderne, possède une beauté silencieuse, une forme d’harmonie primitive qui apaise l’âme et élève le regard.
Mais ce n’était là que l’écrin d’un joyau plus précieux encore : la rencontre avec l’un des grands dévots et érudits de notre temps, un homme dont la sainteté se ressent avant même qu’il ne parle, tant la lumière qu’il irradie semble imprégner le lieu tout entier: Mhand Babe Ould Meïne.
À Dawchiliya, nous fûmes accueillis par un protocole discret mais sincère. Ce qui nous frappa d’abord, ce fut la propreté immaculée des lieux, en pleine campagne pourtant, où la poussière et les résidus des étables règnent d'ordinaire en maîtres. Chaque coin semblait respirer l’ordre, la sobriété et la baraka. Il règne là-bas une atmosphère rare : celle d’un lieu habité par la prière, la méditation, et l’amour divin.
L’homme que nous étions venus rencontrer, un véritable sage, à la piété silencieuse et à la parole profonde, nous reçut avec simplicité, dans un silence habité, empreint de sérénité. Ce qui suivit fut un moment d’une intensité rare : un échange dense, lumineux et captivant entre lui et Cheikh Mohamed Elmamy, en notre présence recueillie. Les deux hommes dialoguaient avec respect et connivence, naviguant entre science religieuse, expériences mystiques, rappels divins et sagesses ancestrales. Leurs mots, portés par une langue claire et sobre, pénétraient les cœurs autant qu’ils stimulaient les esprits.
Je me suis senti, en ces instants suspendus, comme baigné dans une lumière intérieure. Loin des bruits du monde et des préoccupations de l’heure, je me suis ressourcé, revivifié par la force tranquille d’un homme dont l’existence même est un dhikr vivant. Sa présence, humble et effacée, témoigne d’un haut degré de sincérité spirituelle, d’une science enracinée dans la pratique et d’une foi purifiée des ostentations.
Cette visite fut bien plus qu’un simple déplacement : ce fut une retraite condensée, une halte bénie, une rencontre qui laisse des traces durables dans l’âme. Elle m’a rappelé que les véritables trésors de notre pays ne sont pas toujours visibles, mais nichés dans des coins discrets, portés par des hommes discrets, que Dieu a choisis pour être des lanternes sur notre route.
Je ne peux que recommander à tout chercheur de sens, à tout amoureux de spiritualité ou à tout curieux du cœur, de faire ce même chemin vers Dawchiliya. Non pas seulement pour admirer ses paysages mais pour s’asseoir, ne serait-ce qu’un instant, dans la compagnie de cet homme de Dieu, dont le silence vaut plus que mille discours, et dont chaque geste est une leçon de sagesse.
Haroun Rabani
harounrab@gmail.com