Mohammed Ben Salmane : « Je reconnais l’entière responsabilité du meurtre de Khashoggi »

jeu, 26/09/2019 - 15:57

Le prince héritier d’Arabie saoudite a déclaré qu’il était responsable du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, commis l’année dernière par des agents saoudiens « parce que cela s’est passé sous ma direction », selon un documentaire de PBS qui sera diffusé la semaine prochaine.

Le gouverneur de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, n’a pas parlé publiquement de l’assassinat à l’intérieur du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul. La CIA et certains gouvernements occidentaux ont déclaré qu’il en avait donné l’ordre, mais des responsables saoudiens ont affirmé qu’il n’avait joué aucun rôle.

Cette mort a déclenché un tumulte mondial, ternissant l’image du prince héritier et mettant en péril les projets ambitieux de diversification de l’économie du premier exportateur mondial de pétrole. Depuis, il n’a pas visité les États-Unis ni l’Europe.

« C’est arrivé sous ma surveillance. J’en assume toute la responsabilité, parce que c’est arrivé sous ma surveillance », a-t-il déclaré à Martin Smith, de PBS, pour documentaire intitulé « Le prince héritier d’Arabie saoudite », qui sera diffusé le 1er octobre, avant le premier anniversaire de la mort de Khashoggi.

Après des dénégations initiales, le récit officiel saoudien a imputé le meurtre à des agents malhonnêtes. Le procureur général a déclaré que le chef des services de renseignements de l’époque avait ordonné le rapatriement de Khashoggi, un fidèle de la royauté devenu critique, mais que le négociateur en chef avait ordonné qu’il soit tué après l’échec des discussions en vue de son retour.

Saud al-Qahtani, un ancien haut conseiller royal qui, d’après Reuters, aurait donné des ordres aux tueurs sur Skype, a informé l’équipe du meurtre sur les activités de Khashoggi avant l’opération, a annoncé le procureur.

Interrogé sur la manière dont le meurtre pourrait survenir à son insu, Smith cite le prince Mohammed : « Nous avons 20 millions de personnes. Nous avons 3 millions d’employés du gouvernement ».

Smith a demandé si les tueurs auraient pu prendre des jets privés du gouvernement, ce à quoi le prince héritier a répondu : « J’ai des fonctionnaires, des ministres pour suivre les choses et ils sont responsables. Ils ont le pouvoir de le faire ».

Un haut responsable de l’administration américaine a déclaré à Reuters en juin que l’administration Trump exhortait Riyad à « faire des progrès tangibles » pour demander des comptes aux auteurs du meurtre.

Onze suspects saoudiens ont été jugés dans le cadre d’une procédure secrète, mais seules quelques audiences ont eu lieu. Un rapport américain a demandé qu’une enquête soit ouverte sur le prince Mohammed et d’autres hauts responsables saoudiens.

Khashoggi, un éditorialiste du Washington Post, a été vu pour la dernière fois au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre, où il devait recevoir des papiers avant son mariage. Son corps aurait été démembré et enlevé du bâtiment. Ses restes n’ont pas été retrouvés.

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