
Le 27 août dernier, Emmanuel Macron a donné les grands axes de la politique française en Afrique lors de la traditionnelle conférence des ambassadeurs. A peine sorti de « l’affaire Benalla », l’Elysée avait besoin de livrer aux Français une actualité qui l’occupera plusieurs jours en cette rentrée politique qui a vu Macron boucler une année de présidence loin d’être de tout repos. Et, comme attendu, c’est encore le Sahel qui reste la principale préoccupation des dirigeants français empêtrés au Mali dans des opérations militaires qui changent de nom (Serval, Barkhane, et bientôt G5 Sahel) sans changer de réalité : une opération militaire qui coûte à la France 1 million d'euros par jour ! Et quand le chef de l’Etat français évoque devant les ambassadeurs, « le renforcement de l’action française contre le terrorisme au Sahel » comme l’un des principaux axes de sa stratégie, l’on pense directement aux efforts que Paris déploie, depuis trois ans, pour que la force du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) permette aux militaires français de sortir du bourbier malien, ou de continuer à mener leur guerre contre le terrorisme à moindres frais. En pertes humaines, mais aussi avec la prise en charge par d’autres pays (UE, USA, Arabie saoudite, E.A.U, etc) d’un budget de guerre de plus en plus important.
Macron est « convaincu que (l’) action militaire sera, en effet, plus efficace encore si elle s’articule mieux avec l’implication des cinq pays du Sahel concernés. » Cette organisation est la seule qui, dans la durée, permettra la stabilité parce qu’elle implique pleinement cinq pays du Sahel concernés à leur propre sécurité. Il nous faut veiller à sa mise en œuvre et, dans les prochaines semaines et les prochains mois, nous aurons à conduire de nouvelles opérations conjointes avec ces forces du G5.
Zone d’action prioritaire pour la France dans la lutte contre le terrorisme, le Sahel le devient aussi pour la Mauritanie qui, après la visite d’Emmanuel Macron, lors du sommet de l’UA, a subitement changé de position sur une crise qu’elle regardait en spectateur. La désignation d’un général mauritanien à la tête des forces du G5 Sahel et la participation, sans conditions, à la constitution des 5000 soldats appelés à guerroyer contre les salafistes et à mener la chasse aux trafiquants de drogue, permettent à Nouakchott de se laver du soupçon de complaisance, voire de complicité, souvent évoqué quand on tente d’expliquer pourquoi de tous les pays du Sahel la Mauritanie est le seul à être épargner depuis 2011.
Sneiba Mohamed
Source : AFRIMAG (Casablanca)